Il y avait Zoro l'épéiste, Zoro le chasseur de primes et... Il y avait Zoro celui-qui-se-perd-tout-le-temps (à ne pas confondre avec Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, ce n'est vraiment pas la même personne, vous pouvez prononcer le nom de Zoro sans recevoir une quelconque malédiction). Difficile pour lui de se repérer, surtout sous le feu de l'action alors là, vous pouvez le guider en posant des panneaux avec les flèches pour qu'il les suive correctement et vous êtes sûr de le retrouver à l'opposé (s'il avait participé à Koh-Lanta, soyez certain qu'il aurait gagné toutes les épreuves sauf l'avant-dernière : celle de l'orientation. Un vrai atout pour les concurrents). C'était même à cause de ça, qu'il s'était perdu en pleine mer, pensant qu'il était sur les traces d'un pirate de renom, alors que pas du tout. C'était très pénalisant et embêtant à vivre tous les jours, et encore plus lorsqu'il était accompagné comme ce matin. Lui, guide ? Jamais. À moins si vous souhaitiez vous retrouver dans une pampa sauvage. Imaginez qu'il doive vous emmener à l'hôpital ? Pauvre malheureux.se ! À la place, vous risquez d'atterrir devant une poissonnerie.

La patience de Luisa face à cette épreuve rassurait en partie Zoro, qui tentait de faire des efforts pour ne pas la perdre. Même si Roronoa en riait, ça pouvait très vite l'irriter (comme beaucoup de choses en fait) si ça se produisait. Surtout aujourd'hui, il ne souhaitait pas perdre son amie car il tenait fermement à leur petit-déjeuner. Ça lui changeait de sa routine et il appréciait la compagnie de sa collègue.

« Tu sais, des fois j'arrive en retard au travail. Ce n'est pas à cause d'une panne de réveil, comme je le prétexte à chaque fois. En réalité c'est parce que je me suis perdu. » confia t-il en un petit sourire gêné, à peine visible. Il est vrai que Zoro avait toujours prétexté un retard de dodo, ce qui en soit pouvait arriver car c'était un gros dormeur de base. Certains collègues avaient plusieurs fois perdu Zoro lors de missions, alors imaginez-vous ça + le fait qu'il n'ait aucune force = double peine. C'est pour ça qu'actuellement, il effectuait des missions à son niveau.

C'est dans la bienveillance que les deux collègues arrivèrent ensemble au pub. Personne ne s'était perdu, ce qui était un vrai soulagement pour le jeune homme, qui pouvait désormais souffler un peu et se détendre. Cette ambiance de nourriture et de boisson lui ravivait toujours quelques souvenirs agréables, mais surtout très appréciés par son estomac qui grognait en silence. Luisa passait sa commande avec une quantité tout à fait dans la 'norme'... Mais ce ne fut pas le cas de Zoro, qui était à deux doigts de commander toute la carte. Mais ayant un minimum de retenue, il préférait se lésiner et prendre de quoi lui caler l'appétit durant quelques heures.

« Il faut dire que la marche m'a ouvert l'appétit. » dit-il en haussant les sourcils, le visage un peu plus expressif que d'habitude.

Tout était réuni pour qu'il passe un agréable moment : la compagnie de Luisa, la bouffe et l'alcool ? Que demander de plus après ? Une petite sieste ?... Mmmh. Oui, pourquoi pas, bonne idée. Mais pour le moment, Zoro était bien décidé de profiter du présent. Dès que la serveuse apporta les deux commandes, le pompier attrapa directement les pintes de bière pour les distribuer avant de trinquer. Il fallait toujours commencer par boire quelques gorgées avant d'entamer un délicieux repas, et surtout lorsqu'il était partagé entre amis.

Trinquer pour la première fois avec Luisa, était une chose agréable. Ça avait peut-être l'air d'être banal pour le commun des mortels, mais pour Roronoa c'était important. Rares étaient les moments où il pouvait trinquer avec un ami, habituellement il le faisait avec des illustres inconnus dans des bars. Alors c'est tout naturellement que son visage devenait plus doux et moins impassible.

Après avoir bu quelques gorgées de sa bière, Zoro laissa échapper un petit rôt maîtrisé (désolé mais la bière le faisait toujours roter), pouvant enfin commencer un de ses plats. Il s'attaqua d'abord aux œufs avec le bacon, c'était chaud comme il fallait et le bacon croustillait sous les coups de mâchoire. Il passait désormais aux gaufres, lorsque Luisa lui demanda s'il ça lui plaisait. Il releva légèrement la tête pour l'observer et termina ce qu'il avait en bouche avant de lui répondre.

« Oui. » répond t-il, grand bavard qu'il était.

Ce qu'il mangeait était bien plus que correct, il se régalait pour le plus grand bonheur de ses papilles et de son estomac. Zoro fronçait légèrement les sourcils en voyant sa vis-à-vis lui tendre son assiette tout en lui détaillant les saveurs de son plat. Sur le coup, il ne comprenait pas grand-chose, ce n'est que lorsqu'elle proposa de goûter, qu'il comprit enfin et afficha une mine intéressée. Impossible pour lui de refuser de la nourriture. Ici, à Staten Island, il avait appris le partage et surtout à ne plus protéger sa gamelle car à East Blue, il avait toujours eu peur que quelqu'un lui vole son plat. Mais ici, les gens semblaient plus civilisés alors... Zoro était plutôt relax. Du coup, il attrapa l'assiette de Luisa et lui proposa de prendre la sienne.

« Tu veux goûter ? Leurs gaufres sont... moelleuses et les pancakes... J'en sais rien, je n'ai pas encore goûté. » lâcha t-il en un petit rire gêné, n'ayant pas du tout l'habitude de décrire les plats.

Au moment où il planta sa fourchette dans la saucisse, Luisa lui posa une question, mais alors... Une question vraiment inattendue, ça sortait de nulle part. Si bien que Zoro regardait sa collègue, les yeux ronds durant de longues secondes. Qu'est-ce... Que... Quoi ? Error 404 page not found. On aurait dit que Zoro venait de voir Hermep sur les épaules de Luffy, ou l'un dansait la Carioca et l'autre jouait de la trompette.

« Cette... Teinture verte... ? » répéta soigneusement Zoro, l'air très songeur. « Je... Euh... » dit-il en posant son couvert pour croiser les bras et chercher une réponse correcte. Une teinture verte ? Il avait cette couleur depuis sa naissance, oui mesdames et messieurs, Zoro était un bébé aux cheveux verts. Aucune coloration, aucun produit pour teinter ses tifs. Mais c'était la première fois qu'on lui posait la question et peut-être que dans le monde d'où Luisa venait, il n'y avait pas des gens aux cheveux colorés ? « Je... J'utilise du shampoing. » affirma t-il dans un premier lieu, histoire de donner une réponse assez vite. « C'est... Naturel. Je suis né comme ça. » ajouta t-il, le visage un peu moins surpris.

Avant de reprendre sa fourchette qui était restée plantée dans la saucisse, Roronoa toucha vite fait une mèche de cheveux dans l'espoir que tout soit bien en place. Mais visiblement oui, alors il put enfin découper un morceau de cette viande qui attendait depuis quelques minutes à être mangé. Il ne cessait de penser à Luisa et aux cheveux verts et puis... Il osa se lancer (autant parler de coiffure, autant le faire jusqu’au bout, non?).

« Tes cheveux sont sympas. » complimenta t-il du mieux qu'il pouvait. Mais il enchaîna très vite sur : « C'est vraiment très bon ! » lâcha t-il en mémoire de la saucisse et de l'omette.

Non sérieusement, Zoro trouvait les cheveux de Luisa sublimes, très soyeux et bien entretenus. Chose que lui-même ne faisait pas aux siens, sauf un simple shampoing de temps en temps. Alors il avait jugé bon de lui dire du mieux qu'il pouvait en guise de compliment, c'était vraiment le summum que Zoro pouvait faire hein. Et puis le plat de sa comparse était effectivement, très bon, il se retenait pour ne pas tout finir. Du coup, pour ne plus être tenté, il redonna le plat à sa propriétaire et dégaina l'entièreté de sa bière. Cette fois-ci, petit rot au dos de sa main, avant de capter l'attention de la serveuse pour lui commander deux autres pintes de bière. Autant ne pas être en manque de boissons.

La seconde commande ne tardait pas à arriver puisqu'il fallait uniquement remplir deux chopes. Zoro sauta sur la sienne en tentant cette fois-ci de maîtriser un possible rot disgracieux. Il posa sa pinte déjà à moitié vide sur le coin de la table bien chargée et observa Luisa, avec un petit sourire timide, ce qui mettait en valeur ses fossettes.

« Je peux les toucher ? » demanda t-il, en se rendant soudainement compte que sa phrase pouvait prêter à confusion, ce qui était loin de ses idées, forcément hein. « Tes... Cheveux ? » se reprit-il pour ne pas passer comme un gros lourdaud auprès de son amie. Peut-être bien que la bière commençait gentiment à se répandre dans son sang, car au grand jamais, Zoro ce serait permis de lui demander une chose pareille.