Public Enemy No. 1
Eddie Munson, c'était le nom qui dérangeait. Il dérangeait même avant tous les évènements qui se sont déroulés en mars 1986. Eddie était le gamin bizarre, à la famille peu recommandable. C'était ce gamin indiscipliné à propos duquel les professeurs se battaient afin de ne pas l'avoir parmi leurs élèves, celui que ses camarades rejetaient - probablement à cause de leurs parents dans un premier temps. C'était ce petit garçon qui, au lieu d'apprendre à pêcher ou de jouer au ballon avec son père, a appris à démarrer des bagnoles sans clé de contact aux côtés de cet homme. Les choses ont mal débuté pour lui dès le départ ; le mioche a toujours pâti de la sale réputation - pas volée - des Munson sans n'avoir jamais rien demandé à personne, ni fait de mal à qui que ce soit. La ville d'Hawkins et les habitants n'ont jamais voulu de lui, mais pourtant il est resté coincé là et ce même lorsqu'il a perdu contact avec ses parents - Eddie ne mentionne jamais ce qu'il s'est passé pour qu'il se retrouve sans eux. Le garçon est resté à Hawkins, hébergé gracieusement par son oncle paternel, Wayne Munson. En grandissant, dans ses rêves d'enfant, le jeune Eddie s'est promis de ne jamais donner raison aux gens, de ne pas perpétuer la réputation de sa famille et d'être, lui, différent des autres et de devenir quelqu'un de bien.

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Okay okay, on ne peut pas être quelqu'un de parfait, ça n'existe pas. Et encore moins quand on s'appelle Eddie Munson et qu'on a été vu comme de la mauvaise graine toute sa vie et que la galère a été son plus fidèle compagne durant des années. Le gamin a vite poussé comme une mauvaise herbe. Pas méchant dans le fond, mais il a fait les choses comme il a pu. Se défendre, s'amuser des gosses coincés de l'école, se jouer de cette peur qu'ils ont développé à son sujet ; en jouer pour qu'on lui foute la paix, devenir un paria.

Eddie n'a jamais ressenti l'envie de se plaindre de Wayne, son oncle ayant toujours fait son maximum pour lui, à travailler dur et de nuit pour garder un toit au-dessus de leur tête et mettre de la bouffe dans leurs assiettes, à ne jamais être trop exigeant pour le mioche casse-pieds qui n'était même pas le sien, à prétendre ne plus avoir faim pour céder le dernier dessert à son neveu sans jamais faire peser sur lui la culpabilité d'être là. Mais Munson a tout de même connu le sentiment de solitude. A ne pas voir son oncle autant qu'il l'aurait souhaité, à devoir se démerder pour le peu de responsabilités qu'il avait mais qu'il n'était pas capable de gérer seul et correctement. Sans recevoir d'aide, niveau scolaire est resté au ras de pâquerettes durant toute sa vie. Maaaah, les profs n'avaient qu'à rendre les cours plus intéressants de toute façon ! A quoi me servira le théorème de pythalès un jour dans ma vie ?! Je veux bien que tu me dises. Cela ne l'intéressait pas, et il avait de toute façon autre chose à foutre que d'écouter ces conneries.

Il a trouvé refuge dans la musique dès son plus jeune âge. Wayne, prenant en pitié le gosse solitaire qui rêvait de devenir l'une de ces stars du rock lorsqu'il serait plus vieux, lui offrit une guitare électrique un beau jour de Noël ; le plus beau dont Eddie se souvienne. Le tonton a probablement regretté ce cadeau dans les débuts, se retrouvant avec un jeune garçon lui cassant les oreilles avec ses fausses notes à n'importe quelle heure, alors qu'il avait besoin de se reposer pour être en état de tenir la nuit au travail. Mais à force de s'entraîner, le jeune Munson a bien vite progressé, semblant posséder une bonne oreille musicale et une bonne mémoire finalement, il est devenu doué et capable d'apprendre des morceaux entiers en un temps record et a plus tard pu fonder son groupe et même composer quelques morceaux.
En parallèle, Eddie a également trouvé du réconfort dans la medfan et les jeux de rôle sur table. Lire des histoires et en inventer est devenu addictif. Les inspirations d'Eddie sont bien nombreuses, mais lui-même est aussi doué d'une très grande imagination. Cela l'a aussi probablement sauvé ; et lui a donné la chance aussi de pouvoir se faire quelques amis ayant les mêmes intérêts que lui. C'est ainsi qu'il a pu fonder The HellFire Club, un groupe ressemblant quelques élèves marginaux (qualifiés de "nerds") pour pouvoir se retrouver autour du jeu Donjons&Dragons. Et attention, on ne plaisante pas sur le sujet, ici c'est du sérieux ! On ne manque pas la campagne si on ne veut pas s'attirer les foudres du maître du donjon.

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Eddie The Banished
Le 21 Mars 1986 est la date précise du jour où sa vie a complètement basculé. Cette date, c'est celle à laquelle Chrissy Cunningham est venue à lui pour se procurer de quoi oublier ses problèmes en connaissant sa petite réputation de dealer (Eh, shhh, on peut pas être parfait, j'ai dit ! Fallait bien mettre la main à la pâte pour ramener un peu d'argent à la maison !) et que, n'ayant pas ce qu'elle voulait sur lui, il l'a invitée à le rejoindre à son mobil-home le soir venu... En tout bien tout honneur, évidemment ! Et c'est lors de cette visite qu'Eddie a été témoin de la scène la plus traumatisante qu'il a jamais vu. Alors qu'il a tourné le dos à peine de petites minutes, lorsqu'il a retrouvé Chrissy, elle avait les yeux révulsés ; impossible de la faire revenir à elle. Puis elle s'est alors soulevée dans les airs, comme par magie, avant que son corps ne se torde dans tous les sens. Il entend parfois encore le craquement morbide des os qui se brisent sous la torsion. Impuissant et terrifié, tout ce que Munson a pu faire, c'est s'enfuir.

Les rumeurs ont rapidement fait le tour de la ville : Chrissy a été retrouvée morte dans le mobil-home des Munson, Eddie a disparu sans laisser de traces. Un type comme lui, au comportement anticonformiste et aux passions mal jugées, était condamné d'avance. Le gars classifié comme sataniste aux comportements déviants et que tout le monde déteste, face à la mignonne petite pom-pom girl que tout le monde adore ; les choses étaient vite vues pour la ville entière. Il l'avait forcément sacrifiée au nom du diable dans un sombre rituel et avait pris la fuite. Il lui avait forcément fait les pires des horreurs. Personne n'aurait pu croire une seule seconde à son innocence. Personne ne lui aurait donné sa chance de s'expliquer et... Qui aurait cru à de telles explications de toute façon ? Comment faire entendre à qui que ce soit ce qu'il a pourtant bel et bien vu de ses propres yeux ? Munson était probablement la pire personne sur qui tout ça aurait pu tomber. Condamné par avance, à partir de cet instant, il n'avait déjà plus la moindre chance. Il était définitivement devenu le Public Enemy No. 1, et ce n'était plus un jeu.

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Eddie, au cours de sa vie, s'est toujours appliqué à bien choisir ses amis, vraiment bien. Quitte a en avoir très peu, autant qu'ils soient de bonne qualité, n'est-ce pas ? Et c'est lorsqu'il a été retrouvé par certains d'entre eux qu'il a pu constater que, oui, pour ça aussi il avait un véritable talent. Ces personnes-là : les meilleures. Parce qu'ils ont tout donné pour le retrouver, parce qu'ils l'ont cru sur parole et ont été immédiatement de son côté alors que tous les autres étaient contre lui et s'adonnaient à une chasse aux sorcières. S'ils l'ont cru aussi, c'est parce qu'ils ont vécu des expériences très particulières, pouvant se rapprocher de ce que Munson avait pu leur décrire.

S'en est alors suivi une chasse au Vecna digne d'une campagne de malade de D&D, sauf que c'était dans la vraie vie. C'était... Plus terrifiant que quoi que ce soit d'autre, mais Eddie s'est retrouvé embarqué là-dedans, prêt à se battre aux côtés de ses amis qui voulaient le sauver, prouver son innocence, et sauver aussi Maxine Mayfield qui était la proie que Vecna avait en vue. Des tas de choses étaient en jeu, dont l'existence même de la ville d'Hawkins. Et si Eddie n'a jamais aimé cette ville qu'il qualifiait de "trou", il n'avait pas non plus envie de la voir disparaître ; et les rares personnes qu'il appréciait et qui l'appréciaient, non plus, il ne voulait pas les voir être engloutis par les ténèbres.

Le 27 Mars 1986, après des jours de cavale, d'aventures et de préparation d'un plan, ils étaient prêts. Prêts à se battre et à mettre fin au règne de l'affreux Vecna tant qu'il était encore temps. Certains devaient rester du côté d'Hawkins, d'autres se rendre dans l'Upside Down et Eddie faisait partie de la deuxième équipe. Dans l'Upside Down, il devrait faire un maximum de bruit pour attirer de toutes les créatures montant la garde aux alentours de la maison de Vecna. Et c'est ce qu'il a fait, enchaînant les notes de Master of Puppets de Metallica, le dernier morceau qu'il avait appris à jouer, et attirant alors tous les démobats aux alentours dans leur direction - à lui et à Dustin qui était son binôme dans cette mission. Mission accomplie, les deux jeunes ont pris la fuite, étant censés passer le portail pour retourner à Hawkins. Dustin est passé en premier, Eddie ne l'a pas suivi. Après tout... Qu'est-ce qui l'attendait à Hawkins après tout ça ? Il serait traqué, chassé, peut-être tué, ou finirait en taule pour le restant de ses jours. Plus rien ne l'attendait. Il ne pouvait pas être sauvé. Il avait voulu y croire, pourtant, mais ce n'était plus d'actualité. C'était l'évidence même, qu'il n'y avait plus rien à faire pour lui. Et de toute façon, les monstres devaient être attirés plus loin que ça, et si quelqu'un devait se charger de ça, ça devrait être lui.

Sa mission, il a tout fait pour la réussir. Enfourchant un vélo, poursuivi par les monstres, il les a attirés le plus loin possible, jusqu'à se retrouver entouré par une nuée de démobats, acculé, obligé de se battre. Cette fois, il voulait être courageux. Si ça devait être la dernière, autant le faire jusqu'au bout, l'être correctement, juste une fois. Il a eu cette impression que plus il en tuait, plus il s'en ajoutait. Il s'est battu dur, il s'est battu si fort, ignorant la peur et la douleur jusqu'à s'écrouler d'épuisement, grièvement blessé.

C'est dans les bras de Dustin qu'il a senti qu'il était en train de s'éteindre ; à rassurer et consoler ce dernier alors que c'était lui qui partait. Il mourrait en tant que meurtrier aux yeux de sa ville natale ; il avait tout donné pour cette ville qui le haïssait. Il voyait alors cette lumière, aveuglante et alors, Eddie était convaincu que c'était tout bonnement la mort qui venait à lui.

C'est la fin. Mais cette fois je n'ai pas fui...

Wake up, Eddie
A sa plus grande surprise, Eddie a rouvert les yeux et découvert qu'il se trouvait dans une chambre d'hôpital. Dans sa tête, il y a eu ce Ouf, il s'en est fallu de peu. , et ce Comment mes amis ont-ils réussi à me ramener ? dans un premier temps, avant que l'inquiétude de prenne le dessus. Où sont-ils ? et Je veux pas finir en taule ! ; il était d'ailleurs surpris que ça ne soit pas le bordel, juste dehors, alors qu'il était là et que tout le monde pensait qu'il avait assassiné Chrissy. Ses craintes d'être assailli de toutes part et exécuté en place publique ne se vérifiaient pas ? Pourtant, ça n'a pas suffit à faire totalement partir la peur. Malgré les douleurs et sa tête dans le brouillard, Eddie s'est levé d'un bon, arrachant tout ce qui le raccrochait aux drôles de machines qui se trouvaient autour de lui. Les appareils se sont mis à sonner de partout, lui vrillant les tympans au passage, mais les ignorant, Eddie était bien décidé à se barrer de là. Ne trouvant pas ses vêtements dans la petite chambre, il décida qu'il valait mieux être en chemise d'hôpital et libre, qu'habillé et en prison - ou mort. Sauf qu'au moment où il ouvrit la porte pour s'en aller, il tomba sur une infirmière totalement affolée, se demandant ce qui était en train de lui arriver.

Il fallut un moment à l'employée pour le calmer et le rassurer. Cette dernière l'informant par la même qu'il était à Staten Island, que ses amis n'étaient pas présents, que personne ne voulait lui faire quoi que ce soit et qu'il était très certainement en train de délirer à cause de la médication. Il était arrivé en étant aux frontières de la mort et avait été sauvé in-extremis... Et le calendrier était au 10 juin 2022.

Comment ça, 2022 ?

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C'est un mois tout entier qu'Eddie a passé à l'hôpital. Le temps de se remettre de ses blessures, d'éliminer toutes les infections et qu'elles qui risquaient de se développer dans son corps. Le temps de comprendre qu'il était bien en 2022, mais qu'il n'avait pas passé des années dans le coma. "Juste" dix jours de coma. Et pourtant, il n'était plus en 1986, il n'avait pas vieilli non plus. Tout ça n'avait pas le moindre sens. Et ses amis, ils ne lui ont pas rendu visite, aucun d'entre eux, même pas Henderson. Toutes les nuits, il y avait ces cauchemars où il revivait la mort de Chrissy, celle de Patrick, où les habitants d'Hawkins le retrouvaient, où il revivait la lutte dans l'Upside Down. Marqué, probablement à jamais, Eddie reste traumatisé par les derniers moments qu'il a vécu et pourtant, alors qu'on aurait sûrement dû s'attendre au contraire, il n'a pas fait de vague, s'est tenu tranquille en attendant d'être libéré de cette chambre aseptisée.

C'est le 1er Juillet 2022 que c'est arrivé, qu'on lui a rendu ses vêtements - dont son pauvre tee-shirt à moitié en lambeaux - et qu'on lui a indiqué la sortie. Physiquement, il se sentait mieux. Psychologiquement, c'était toujours le bordel et la sortie d'hospitalisation a été violente. Livré à lui-même dans un endroit qu'il ne connaissait pas alors qu'il avait toujours vécu en terre conquise, dans une drôle d'époque à laquelle il n'allait rien comprendre... Cela promettait d'être compliqué.

Depuis, Eddie a vécu à plusieurs endroits dans cette ville et s'est lentement adapté à cette nouvelle existence. Poursuivi par ses cauchemars, il s'est parfois demandé s'il n'était pas coincé dans une autre sorte de monde parallèle ou plongé dans une transe interminable par Vecna qui le punissait d'avoir fait partie de ceux qui lui ont tenu tête. Il se demande toujours où sont ses amis, s'il les reverra un jour, ce qu'est devenu Wayne, aussi. Qu'est-il advenu d'Hawkins ? Ont-ils gagné ou échoué ? Munson n'aurait jamais pensé un jour se retrouver à vivre en se prenant autant la tête chaque jour. Et pourtant... Et pourtant, il n'est pas au bout de ses peines. Et avoir trouvé un travail ne l'aide même pas ! Il va de découvertes en découverts, sur cette époque, sur le comportement des gens. Il y a bien de quoi lui filer le vertige. Sauf qu'il faut bien continuer à vivre malgré tout et que cette fois, il ne peut pas fuir et se dérober.