C'est dans la misère que tu es né, fils de parents trop pauvres pour subvenir correctement à tes besoins. Tu traînais souvent dans les rues, comme tous les enfants de Zaun. Faible de constitution, la vie t'as privé de la fonctionnalité d'une de tes deux jambes, t'obligeant à prendre appuie sur des béquilles pour te mouvoir. Plus vulnérable, tu as toujours été solitaire, n'as jamais cherché d'ennuis desquels tu n'aurais pu te tirer sans heurts. L'esprit pourtant vif et curieux, tu t'intéressas très tôt au fonctionnement des objets - et des êtres vivants. Peu de mécanismes savaient te résister, et tu aimais construire toutes sortes de choses avec ce que tu pouvais trouver par-ci, par-là.

C'est au cœur de cette solitude infantile que tu rencontras Singed, un chimiste, avec qui tu tissas rapidement des liens d'amitié pour la première fois. Il te prit aussitôt sous son aile, partagea une partie de son savoir avec toi, homme débrouillard qui connaissait tout ce qu'on peut trouver dans les livres - et plus encore. Tu t'émerveillas devant une créature qu'il avait recueillie, nommée Rio, victime d'une mutation génétique, et pris à cœur de l'aider à la soigner.
Tu déchantas bien vite lorsque tu compris les réelles intentions de Singed : maintenir la créature en vie à l'aide d'un matériel visiblement douloureux, proche de la torture, afin de continuer à collecter sur elle le produit de sa mutation génétique et l'étudier. Ce n'est pas la première fois que la vie et la mort se confrontaient devant tes yeux, mais tu pris conscience de la valeur de la vie, et des limites de la science - du moins, le pensais-tu.

Un jour, tu comprendras mon point de vue.

Tu passas les années suivantes de ta vie à essayer d’améliorer la condition de la vie humaine à Zaun. Beaucoup de tes inventions permirent à l’industrie de l’Entresol, et notamment à celle de la Forge Fredersen, de se développer et d’apporter aux travailleurs un cadre de travail moins dangereux et d’atteindre un seuil d’accident de 0%.  

On entendit, bien sûr, parler de toi ailleurs et, à ta surprise, l’académie de Piltover te proposa une place dans son institution alors que tu atteignais la vingtaine. C’est le professeur Stanwick, grand inventeur, qui parvint à te convaincre de quitter Zaun. Des vapeurs de la pollution, d'une nuit presque constante, d'une grisaille mortifère, tu te retrouvas propulsé dans la lumière. Tu devins l’élève d’Heimerdinger, parmi quelques autres apprentis, et étudias à ses côtés les inventions de la cité du Progrès. L’accès à de grands laboratoires et à des technologies de dernières pointes permirent à tes projets de prendre une toute nouvelle envergure. Au fil des ans, tes succès payèrent et tu devins l'assistant officiel d’Heimerdinger, une fierté que tu n'as jamais dissimulée.

Le destin mit sur ta route Jayce Talis, jeune prodige ambitieux. Suite à une explosion dans son laboratoire, ses expériences illicites avaient été mises à nu et un procès avait été lancé à son encontre pour le bannir de l'Académie. Si, au départ, il ne t'inspira rien de précis, tu décelas rapidement les possibilités de l'Hextech et décidas de sauver son journal de recherches sans qu'Heimerdinger n'en sache rien. Tu retrouvas le jeune homme dans son ancien atelier et l'empêchas de mettre fin à ses jours. Ce soir-là, la plus grande collaboration de ta vie, et le début de tes plus grands travaux, débutèrent suite à une poignée de main fraternelle.

Pour changer le monde, ne demande pas la permission.

Avec Jayce, tu te plongeas dans des recherches, des calculs et des formules. Vous parvîntes à stabiliser l'Hextech et, rapidement, Jayce réussit à convaincre Mel Medarda - l'une des membres les plus influentes du Conseil - de vous aider, dressant ainsi les membres du Conseil contre les réticences d'Heimerdinger. Tu n'en fus, au début, pas très fier car, malgré l'adrénaline de toutes grandes découvertes, tu avais le sentiment de te montrer ingrat, injuste, envers ton ancien mentor ; d'un autre côté, comment pouvais-tu regretter de telles avancées ? Vos découvertes allaient changer la face du monde.

Jayce et toi travaillâtes de concert. Tu étais l'ombre de sa lumière alors qu'il gravissait les échelons de la politique de Piltover. Plus discret, tu préférais demeurer un acteur caché. Ce sentiment d'abandon te lancinait pourtant le cœur ; l'impression que Jayce s'éloignait de vos projets et prenait ses propres décisions - coup de poignard dans ton cœur (dans ton dos). Malgré tout, vous fîtes tous deux de grandes avancées et propulsâtes Piltover au sommet de sa gloire.

Les années te conduisirent aux portes de ta mortalité et ton passé à Zaun refit surface, se heurtant à ta santé fragile, balayant ta longévité. De plus en plus malade, tu te rapprochais dangereusement de la mort et ne dormais plus beaucoup. Plongé dans ton travail, tu fis une découverte qui changea le cours de ton existence, te laissa entrevoir les possibilités incroyables - et effroyables - de la technologie que vous manipuliez.

Heimerdinger fut déchu de son poste au conseil administratif, seul opposant à la technologie que Jayce et toi aviez mis en place. La culpabilité te rongea le cœur, mais pas suffisamment pour t'empêcher de continuer tes recherches.

Le cube Hextech avala une partie de toi, sans que tu ne t'en aperçoives vraiment. Tu découvris un procédé de guérison et, persuadé qu'avec la bonne formule tu pourrais repousser la mort, soigner les maladies, tu te perdis une fois de plus dans ce mécanisme fascinant - avec, comme premier sujet d’expérience, toi.


L'Hextech fit momentanément partie de toi. Elle se superposa à ta colonne vertébrale et vint corriger ta claudication. Pour la première fois, nul besoin de canne pour pouvoir marcher. Pour la première fois, tu expérimentas le goût de la course, l'équilibre parfait, la solidité (factice) de ton corps. Mais tu ne contrôlais pas l'Hextech et elle réduisit en cendres l'une de tes assistantes, Sky. Une jeune femme qui t'avait longtemps admirée dans l'ombre et n'avait jamais osé t'approcher pour te proposer ses propres idées de recherches. La mort brutale de cette jeune femme, annihilée par ta création, te chamboula.

En haut d'une des tours de l'académie, c'est cette fois-ci Jayce qui te sauva des idées si sombres qui tournaient en boucle dans ton esprit. Tu repris ta canne, abandonnas momentanément l'idée folle de dépasser la mort.

Mais cette idée ne t'a jamais quittée. Elle te ronge.

Hexcore (inactif) ; une rune, un artefact, que tu as inventé et qui fonctionne grâce à plusieurs pierres hextech. Une technologie inactive, plus décorative et mystique qu'autre chose à Staten Island.
Une béquille ; simple objet parmi tant d'autres semblables pourtant parfaitement adaptée à ta taille et à ta force.
Carnet de recherches ; un cahier empli de formules mathématiques, de phrases indéchiffrables, de plans inexplicables.
Notes de Sky ; les notes de recherches que voulait te remettre ton assistante, quelques minutes avant sa mort.

Tu ne sais plus vraiment dans quelles circonstances tu es arrivé ici. Sur ce point-là, tes idées sont en désordre. Tu devais venir enseigner à l’Université de Staten Island, sur recommandation. Tu te souviens ensuite t’être réveillé à l’hôpital, une rechute à cause de la chaleur. Les médecins ne savent pas ce que tu as, mais l’ampleur de ta maladie est bien connue du service dans lequel tu es resté confiné un mois durant ; ton carnet de santé perdu dans la nature, tu as subi une batterie de tests et plusieurs traitements ajustés aux réactions parfois violentes de ton corps. C’est durant cette période que tu fis la connaissance de taon psy actuel.lle, prévention contre la tendance dépressive et auto-destructrice que tu as malgré toi laissé transparaître ; figure froide et sarcastique qui cache une profonde détresse.

Finalement on t’a laissé sortir à la mi-août pour que tu puisses mener une vie normale et prendre le poste pour lequel tu étais venu à Staten Island. Tu as emménagé dans un appartement un peu trop grand à ton goût mais auquel tu as appris à t’accomoder peu à peu. Les relations sociales se font difficilement, et tu es heureux de trouver des excuses pour échapper à la vie du quartier et du voisinage.
Tes rendez-vous à l'hôpital sont fixés toutes les semaines, en même temps que ton suivi psychologique ; cette routine te convient et tu n’aimes pas en changer même si tu tentes de faire parfois quelques efforts pour te donner bonne conscience - et avoir quelque chose à dire à taon psy.

La rentrée des classes a été pour toi un chamboulement assez conséquent mais dans lequel tu te complais ; les étudiants sont, pour la majorité, intéressés et intéressants et tu aimes dispenser ton savoir. La vie à Staten Island te convient.